27 janv. 2008

Je tiens ton souffle dans ma respiration

      

       "Le désir est l'approbation de la vie jusque dans la mort"        Bataille

Les Déplacés








Ils ont quitté un espace pour un autre:
Histoire de corps en transition, la pesanteur des êtres absorbe tout artefact, ou est ce l'objet qui donne au corps la même identité?
Le trajet qu'ils font se modulent en fonction du regard: mouvement vers l'avant ou enracinement.
La fragmentation du visage laisse exister l'ouverture des possibles.

A la limite



Les mots sont à la fois la forêt où nous sommes perdus, notre errance, et la manière que nous avons d'en sortir.
On est toujours dans la fuite, un corps lisse ne sent plus rien, quand on veut se débarasser de la saleté c'est qu'on ne veut plus d'intimité.
Le corps est l'incarnation des gestes et de la parole, qui ont leur existence autonome.
A la limite,
Presque plus rien,
Une surface,
Des brûlures,
Rester muet,
Qu'est ce qu'on peut dire?

Double voix

  





Ca existait depuis 50 ans et il a fait faillite,
quand je suis arrivée là, un monsieur m'a dit "qu'est ce que vous faites?" j'ai dit "je regarde" et il m'a dit "mais qu'est ce que vous voulez?" c'était ça carrément!
Quand on voit quelqu'un qu'on ne connaît pas, ça se remarque tout de suite, c'était très difficile de pénétrer içi.
Ca prend du temps avec les gens, on va pas aller trop vite hein?
Mais une fois qu'on se connaît, on garde ça, c'est important.
Au bout d'un moment je sens qu'on est bien, mais ça prend du temps.
Y a des endroits, ça a l'air chaud mais au bout d'un moment on se perd, y a pas quelque chose, donc on s'arrête.

Fugues (variations sur un même thème)

Imaginer la réalité comme un gigantesque simulacre, comme si la solidité des gratte-ciel, des immeubles, des prisons, n'était rien d'autre qu'une fantasmagorie, sans plus de solidité que ceux d'un  cauchemar.   
 
                                               





Dérivation

  
On a l'impression d'être hors de portée, dans l'attente, on traverse dans une allée sans oxygène qui ressemble à un asile, on compte les hasards, on respire les crachats de la rue, les odeurs insipides, les pas continuels, on ne sais pas comment faire le vide, on hésite entre le fond et la forme, le noir dissipe les cris, dans l'insomnie et le sexe on creuse des silences quand la pâleur de l'extérieur inonde l'espace d'une impersonnalité sans aspérité,
et le sens des choses change, on marche en décalage et on lâche prise dans l'amnésie

Dans la vie je marche

 
La présence humaine s'évanouit pour laisser place à ce qu'il en reste, des dépouilles absorbées par l'espace et estompées par la lumière.
Les routes sont un aveu.




 28 octobre 2007, aéroport de Sebah,Libye 
Les sensations diffèrent, se modulent selon l'esapce.
Une torpeur envahit le temps de l'attente qui se fige dans le flux des passages et des regards sous contrôle, des silhouettes bleues, murmures imperceptibles..
Le flou de ma perception se calque à l'opacité ambiante, l'impression de ne rien pouvoir saisir.
Egaré au mileu des sacs qui s'entassent, un corps d'enfant, qui contient presque tout: la définition incertaine de la destination et le poids de la fuite.

Puis elle avance impassible d'un pas cadencé par le sable et son souffle, proche d'un mouvement épileptique.
Les distances paraissent toujours moindres que ce qu'elles sont.
Un temps accordé est comme un temps volé, il s'infiltre et s'effrite avec le vent, la douleur prend le pas et anesthésie le reste dans son étreinte.

On essaye là d'apprendre quelque chose qu'on ne peut pas décrire, qui n'est pas dans le jugement, une chose qu'on ne peut pas palper, une sorte de fracture qu'on ne peut pas connaître parce qu'elle ressemble à une ombre, un trajet que l'on fait sans cesse, qui n'a pas d'autre nom que celui qu'on veut bien lui donner.


Mais c'est seulement que la vie humaine est délimitée, quand son complémentaire, dans sa multiplicité dont on ne peut rendre compte, ne connaît pas de forme finie.

Bribes d'Arménie, été 2007